Blessures et adaptation : comment progresser quand le corps dit stop

Cet article est tiré d’un échange passionnant avec Richard Folny, expert en Nihon Tai Jitsu, lors d’une visio-conférence exclusive organisée pour les membres d’Imagin’ Arts Digital, notre plateforme de streaming dédiée aux arts martiaux. Disponible en replay pour les abonnés, ce moment de partage a été une véritable leçon d’intelligence martiale.

Quand on pratique les arts martiaux, on apprend à frapper, à esquiver, à se défendre. Mais il y a une chose que l’on n’apprend que sur le long terme : comment continuer à progresser quand le corps ne suit plus comme avant.

Une blessure, une douleur persistante, une période de convalescence ou simplement l’âge qui avance… Ces moments viennent inévitablement chambouler notre pratique. Pourtant, pour Richard Folny, ces phases ne sont ni des pauses ni des retours en arrière. Ce sont des opportunités de transformation.

Une blessure n’est pas une punition : c’est une chance de mieux se connaître

Dans ses mots simples mais puissants, Richard partage une idée centrale : « Même blessé, on peut progresser. » Et il va plus loin : parfois, c’est la blessure elle-même qui nous pousse à découvrir un autre pan de notre pratique, à affiner notre compréhension, ou à développer des compétences souvent négligées — la respiration, la posture, l’intention, la stratégie mentale.

Quand un pratiquant est contraint, il est forcé de réduire la voilure, de ralentir, de revenir à l’essentiel. Cela peut paraître frustrant, mais c’est souvent dans ces moments-là que le geste devient plus juste, que le regard devient plus attentif.

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Adapter sa pratique ne veut pas dire abandonner

Richard évoque un point souvent mal compris : adapter ne veut pas dire renoncer. Il ne s’agit pas de « faire moins », mais de faire autrement.

Par exemple :

• Un pratiquant avec une épaule fragile peut travailler les déplacements, les appuis, la respiration, ou même… l’autre bras.
• Quelqu’un en convalescence peut approfondir la visualisation, le travail mental, l’étude des katas assis, ou s’inspirer des experts sur Digital.
• Un enseignant peut mettre à profit ce temps pour analyser sa pédagogie, revoir ses points d’amélioration, ou explorer d’autres disciplines complémentaires (méditation, yoga, mobilité…).

Richard Folny insiste aussi sur un autre point clé : rester dans le mouvement. Même diminué, même freiné, le corps et l’esprit doivent rester actifs. Ne pas sombrer dans l’immobilisme, mais faire circuler l’énergie sous d’autres formes.

« C’est parfois en étant contraint qu’on développe enfin ce qu’on laissait toujours de côté. »
— Richard Folny

Repenser sa pratique sur le long terme

Richard partage une vision précieuse, fruit de plus de 40 ans de pratique : notre entraînement doit évoluer avec nous. Il compare la pratique martiale à une table de mixage : à certains moments, on monte le volume sur la puissance, à d’autres sur la mobilité, ou encore sur la réflexion tactique.

L’objectif n’est pas de maintenir un idéal figé, mais de construire un chemin qui s’adapte à notre réalité physique, mentale et émotionnelle du moment. Et dans cette logique, une blessure devient un indicateur, pas un frein.

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Transformer la contrainte en moteur

Ce que Richard Folny nous rappelle avec calme et clarté, c’est que les arts martiaux ne sont pas une démonstration de puissance brute, mais un art de l’adaptation, de l’intelligence et de la transformation.

Chaque blessure, chaque pause forcée, chaque baisse d’énergie peut devenir un moment de croissance — si on choisit de rester curieux, actif, et en mouvement.

Alors la prochaine fois que ton corps dit « stop », ne l’entends pas comme une fin… mais comme une invitation à évoluer différemment.

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