Dans le monde des arts martiaux, on parle souvent de puissance, de vitesse, de précision… Mais qu’en est-il des qualités invisibles qui façonnent notre posture, notre pédagogie, et même notre rapport aux autres ? C’est précisément le cœur de cette masterclass passionnante d’une heure que nous avons eue avec Michel Kervadec, spécialiste reconnu de la pédagogie martiale, dans le cadre du Club Vidéo de Karaté sur Imagin’ Arts Digital.

Formateur en éducation nationale et intervenant dans le monde de l’entreprise, Michel a multiplié les ponts entre le dojo et la vie quotidienne. Et c’est avec bienveillance et clarté qu’il nous a partagé sa vision des compétences émotionnelles et sociales, ces aptitudes que l’on développe sans forcément les nommer… mais qui transforment profondément notre pratique.
Des compétences au-delà du physique
Dès les premières minutes, Michel recentre le débat : il ne s’agit pas ici de parler de détente verticale ou d’explosivité musculaire, mais de ces capacités humaines fondamentales qui permettent de mieux vivre en société — et donc, de mieux évoluer sur un tatami.
Savoir gérer son stress, faire preuve d’empathie, coopérer, décider de manière responsable, s’adapter, prendre du recul…
Autant de qualités qui s’ancrent dans les interactions quotidiennes du dojo. Car sur le tapis, on n’est jamais seul : on observe, on échange, on s’ajuste à l’autre — que ce soit dans un kata à deux, un kumite libre ou un simple salut de début de cours.

Le dojo comme terrain d’apprentissage psycho-social
Michel rappelle que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les compétences psycho-sociales comme « la capacité d’un individu à faire face efficacement aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne ».
Et quoi de plus exigeant — dans le bon sens du terme — qu’un dojo ?
Chaque cours met les élèves en situation réelle de confrontation à eux-mêmes et aux autres :
- Apprendre à oser, sans arrogance.
- Gérer une frustration ou un échec.
- Prendre sa place dans un groupe.
- Exprimer ou contenir une émotion.
Des éléments souvent invisibles, mais fondamentaux, notamment pour les plus jeunes.
Le rôle clé de l’enseignant
Ce travail sur les émotions, la coopération et le rapport à soi commence souvent sans qu’on en ait pleinement conscience. Et c’est là que l’enseignant entre en jeu : non seulement comme transmetteur technique, mais comme passeur de repères.
Michel insiste sur un point : enseigner, c’est aussi accompagner un être humain dans son développement global.
Un bon enseignant, dit-il, ne se limite pas à corriger un mouvement. Il observe. Il ressent. Il adapte sa consigne pour faire grandir chaque élève, pas seulement sur le plan physique, mais aussi personnel.
C’est ce que Michel appelle avec justesse : “être un vrai partenaire de progression, avec une vision plus large que celle du grade ou du podium.”

Le dojo comme reflet… et levier de transformation
Dans cette interview, Michel partage aussi ses expériences en entreprise et dans l’éducation nationale. Il y retrouve, sous d’autres formes, les mêmes freins, les mêmes besoins humains :
- Besoin de confiance.
- Besoin de reconnaissance.
- Besoin de cadre clair mais souple.
Et c’est là toute la richesse de la démarche : comprendre que les arts martiaux ne sont pas qu’un exutoire ou un rituel, mais un véritable outil éducatif et de développement personnel.
Dès lors, le dojo n’est plus seulement un lieu d’entraînement, mais un terrain d’entraînement à la vie, dans toutes ses dimensions.
Comprendre comment développer ces compétences chez les élèves, adapter ses exercices, ajuster sa posture… tout cela fait partie du rôle moderne de l’enseignant d’arts martiaux.
Et Michel, à travers son expérience transversale et son regard bienveillant, nous montre à quel point cette posture est précieuse — pour aujourd’hui, et pour l’avenir.
Retrouve l’intégralité de l’échange avec Michel Kervadec dans le Club Vidéo de Karaté – Imagin’ Arts Digital
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